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Alfred de Musset
 
Heureux le voyageur que sa ville chérie
Voit rentrer dans le port, aux premiers feux du jour !
Qui salue à la fois le ciel et la patrie,
La vie et le bonheur, le soleil et l’amour !
 
— Regardez, compagnons, un navire s’avance.
La mer, qui l’emporta, le rapporte en cadence,
En écumant sous lui, comme un hardi coursier,
Qui, tout en se cabrant, sent son vieux cavalier.
 
Salut ! qui que tu sois, toi dont la blanche voile
De ce large horizon accourt en palpitant !
Heureux ! quand tu reviens, si ton errante étoile
T’a fait aimer la rive ! heureux si l’on t’attend !
 
D’où viens-tu, beau navire ? à quel lointain rivage,
Léviathan superbe, as-tu lavé tes flancs ?
Est-tu blessé, guerrier ? Viens-tu d’un long voyage ?
C’est une chose à voir, quand tout un équipage,
Monté jeune à la mer, revient en cheveux blancs.
Es-tu riche ? viens-tu de l’Inde ou du Mexique ?
Ta quille est-elle lourde, ou si les vents du nord
T’ont pris, pour ta rançon, le poids de ton trésor ? As-tu bravé la foudre et passé le tropique ?
T’es-tu, pendant deux ans, promené sur la mort,
Couvrant d’un œil hagard ta boussole tremblante,
Pour qu’ une Européenne, une pâle indolente, puisse embaumer son bain des parfums du sérail
Et froisser dans la valse un collier de corail.
 
Comme le cœur bondit quand la terre natale,
Au moment du retour, commence à s’approcher,
Et du vaste Océan sort avec son clocher !
Et quel tourment divin dans ce court intervalle,
Où l’on sent qu’elle arrive et qu’on va la toucher !
 
Ô patrie ! ô patrie ! ineffable mystère !
Mot sublime et terrible ! inconcevable amour !
L’homme n’est-il donc né que pour un coin de terre,
Pour y bâtir son nid, et pour y vivre un jour ?
 
Le Havre, septembre 1855.
Terre de France
 
Oui, partout elle est bonne et partout elle est belle,
Notre terre de France aux mille aspects divers !
Belle sur les sommets où trônent les hivers,
Et dans la lande fauve à l’araire rebelle,
Belle au bord des flots bleus, belle au fond des bois verts !
 
Belle et bonne aux coteaux où la vigne s’accroche,
Et dans la plaine grasse où moutonnent les blés ;
Bonne dans les pâtis où les boeufs rassemblés
Mugissent ; bonne encore aux fentes de la roche
Où les oliviers gris aux figuiers sont mêlés !
 
Au front des pics neigeux où l’aigle pend son aire,
Et dont le soleil fait des tours de diamant,
Dans le glacier d’où sort le gave en écumant,
Et d’où parfois, avec un fracas de tonnerre,
L’avalanche bondit sur nos champs de froment ;
 
Belle et bonne toujours, à la fois forte et douce,
Notre terre se dresse en granit menaçant,
Tourne vers l’étranger son plus âpre versant,
Et nous déroule l’autre en gradins, sans secousse,
Comme un tapis moelleux qui d’un palais descend.
 
Et là-bas, tout au bout du morne promontoire
D’où s’élèvent, le soir, les cris et les sanglots
Des mères et des soeurs pleurant nos matelots,
Notre terre est superbe en sa double victoire
De ses feux sur la nuit, de ses rocs sur les flots !
 
Elle est belle surtout au pays d’où nous sommes,
Provençaux ou Lorrains, Rouergats ou Bretons,
Au pays qu’en nos coeurs partout nous emportons,
Dont nous gardons l’accent, dont nous vantons les hommes,
Et que, depuis Brizeux, à Paria nous chantons !
 
Elle est douce au vallon où joua notre enfance
Et dont l’esprit toujours reprend l’étroit chemin ;
Douce ou l’on nous connaît, où l’on nous tend la main,
Douce où dorment nos morts, douce où l’on a d’avance
Marqué la place où l’on ira dormir demain !…
 
Mais plus belle et plus douce à notre âme meurtrie
Est la terre d’Alsace arrachée à nos flancs,
La terre où sont tombés nos cuirassiers sanglants,
Et d’où leur ombre encore éperdument nous crie :
» Frères, comme à venir vers nous vous êtes lents ! «
 
La terre qu’il faudra reprendre par l’épée,
Quitte à donner nos fils la les plus forts, les plus beaux,
– Mères, vous le savez ! – en pâture aux corbeaux,
Mais qui, plus belle encor de notre sang trempée,
Verra se soulever les morts de leurs tombeaux
 
Pour regarder venir, au sommet des collines,
Nos drapeaux bien-aimés qui claqueront au vent,
Pour ouïr nos clairons sonner en les suivant,
Tandis que sous le ciel, en notes cristallines,
Ses clochers chanteront dans le soleil levant !…
 
Terre de France, terre entre toutes féconde,
Dont on a pu blesser mais non tarir le sein,
Ruche d’où part vibrant le glorieux essaim
Que depuis trois mille ans Dieu mène par le monde
A l’accomplissement de quelque grand dessein ;
 
Terre où le soc demain peut se changer en glaive,
Et le canon bondir en écrasant des fleurs,
Mère d’un peuple fier que trempent les douleurs,
Qui trop souvent faiblit, mais toujours se relève,
Plus grand au lendemain de ses plus grands malheurs ;
 
Terre de laboureurs, d’apôtres, de poètes
Qui font beau ton passé, triste et doux ton présent ;
Terre d’où l’Idéal son vol puissant
Et monte dans le ciel avec tes alouettes
Dès que l’aigle a cessé de réclamer du sang ;
 
Pardonne à l’un de ceux que tes beautés enchantent,
Qui t’aime dans tes monts, tes plaines et tes bois,
Tes douleurs d’aujourd’hui, tes gloires d’autrefois,
De te chanter, un peu comme nos pâtres chantent,
Avec beaucoup de coeur, sans art, à pleine voix.
 
François Fabié,
Fleurs de genêts
27 janvier 2010
gUISE
Paris
Hauts de France
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Dans cette attente, que ceux et celles qui marchent en troupeau vers le précipice avec un bandeau sur les yeux et  sans trop réfléchir; arrêtent de se mentir : le modèle d' assimilation à la française a atteint ses limites, d' où cet inévitable questionnement. Claude Lévis-Strauss ayant prédit avant de mourir une uniformisation du monde, je crains que cela ne rende obsolète la notion même d' identité. Convaincue que je recherche toujours éperdument la mienne venue d'ailleurs mais posée là...Ravie de poser le pied, lors de mes voyages et autres itin' errances dans l'un des ces pays Européens et autres qui ont su EUX préserver leur âme et leur identité nationale. Ce ressenti inestimable qui me fait tant défaut parcequ' en France on ne le trouve plus ( refoulé ou dissimulé par pas mal de Français,  par crainte d' être mis à l'index et traîtés d' affreux Xénophobes... ). Frustrée et donc Européenne à coup sûr, d'un bout à l'autre de cette partie du continent mais Française, à cause de ce manque d' Ame, à l' être ou plutôt le rester, je n' y songe même plus !
 
Seul le tout premier mot de sa devise nationale m'importe :
 



Cette Liberté majuscule qui nous reste encore et que tant d'autres pays nous envient ( bien que de plus en plus captive de trop de chaînes....). Cette Liberté inestimable qui permet à tous et à chacun de s'interroger sur la nécessité, ou pas, d' avoir eu l'idée explosive d' ouvrir enfin cette fameuse boîte de Pandore (à vrai dire plus redoutée que contestée). Et qui, de surcroît, nous renvoie tous d'un semblable élan, même si c'est face à face, à d'interminables polémiques sur le sujet , spécialité française s' il en est , et ce quelles que soient nos origines !!!
 
Neuilly-sur-Marne
Andernos - Nouvelle Aquitaine
Picardie
La Rochelle
Préfailles
Angerville
La Liberté guidant le Peuple - E. Delacroix
 
 
Retour sur un passé récent ( et bien qu'il ne s'agisse pas de faire marche arrière ).
 
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Naguère tous les Français étaient élevés selon des valeurs identiques  , il existait une France de Gauche et une France de Droite, une France laïque et une France chrétienne mais la morale de l'instituteur ressemblait à celle du curé. C'est ce socle commun qui faisait son unicité, son identité. Lointains à présent ces souvenirs d'en France quand celle -çi avait encore une âme, commune et partagée, adossée à la devise républicaine ci-dessus citée. Hélas Mai 68 et la Génération Mitterrand sont passés par là et l' ont mise à mal sous l'effet de la double révolution que l'on connaît : celle de la société des idées où chacun a pris l' habitude de définir ses propres critères du bien et du mal et où le seul guide est l'intérêt personnel. Tendance accentuée par la pensée unique et le politiquement correct qui s' entête à nier les dégâts d'une société désormais éclatée, partant à vau-l'eau, sans repères et de surcroît  aggravée par une immigration anarchique dont aucun Français n'est dupe  mais dont très peu  osent ouvertement parler autrement que par bulletins de vote interposés. Car Français de souche ou pas, là n'est pas le problème ! Il s' agit simplement que l'identité intime de chacun ne soit pas diluée ou confondue  avec l'identité collective de la nation.   C'est là que notre identité citoyenne entre en jeu sans renier pour autant l'identité originelle, intrinsèque, de chacun qui doit être respectée quelles que soient ses racines. Vaste et inépuisable débat que je comprends fort bien par ailleurs :  tout sentiment d'identité nationale fondé sur un patrimoine historique, géographique, une langue, une religion, une culture ne peut qu' ouvrir la porte sur d'interminables controverses. Dans cette entreprise, nous autres Français profitons du fait que, traditionnellement, nous ne concevons pas notre pays en termes ethniques, mais selon des valeurs républicaines. Ce n'est pas le sang, ni la religion qui fait que l'on se sente Français mais, d'après moi, l'engagement ( et ce bien au-delà de cette emblématique laïcité, spécialité franchouillarde censée régler bien des problèmes à commencer par ceux que posent l'islamisme... foutaises ! ). En fait ce concept, issu des idéaux portés par la Révolution Française, peut aider la France à forger une nouvelle nation à partir d'une coexistence multiculturelle respectée de part et d'autre.
 
Faire la synthèse entre ses propres valeurs et celles de ces Autres : Valeurs susceptibles de nous rassembler et non le contraire, c'est  ce qui me paraît être un début de solution. Et, à long terme,  cela ne pourrait qu' être bénéfique à l' Europe, si celle-ci se décide un jour à rechercher une nouvelle et plurielle identité. Mais  pour être franche je n' y crois guère.
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Pour moi être citoyenne française c'est être en possession d'une carte nationale d'identité qui, pour mon cas personnel, atteste que je suis née en ce pays et, de ce fait, profitant des mêmes droits et soumise aux mêmes devoirs que les autres citoyens français. Ces droits et devoirs, que nous nous devons tous de respecter, étant définis par les lois de notre démocratie dont les trois principes fondateurs nous sont rappelés aux frontons de nos mairies :
 


Liberté          Egalité         Fraternité
 



brandis actuellement à hue et à dia par une bande de démagos bien-pensants qui n 'ont de cesse de faire dévier ce débat en s'insurgeant contre l'évidence pour ne pas dire l' urgence de ce dernier  qui cherche à remettre un tant soit peu les choses à leur place.
 
* Il faut être bien naïf ou de mauvaise foi pour oser brandir les mots Egalité et Fraternité par les temps qui  courent dans cette France du chacun pour soi.
L' identité pour moi relève à la fois de l'intime et du collectif
 

et des éléments qui la fondent dans les deux cas.
 
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Dans le premier de ces cas je suis née en France d'une femme française à laquelle je n'ai jamais été apparentée autrement que par mon nom. Nom que j'ai découvert plus tard d'origine étrangère.
 
Pour moi être Française c'est avant tout une histoire de terroirs, là où l'on m' a implantée sans que je consente à m'y enraciner à vrai dire pour de bon. Vallée de l' Oise, Basse-Bretagne, Landes, Gâtinais, Rive droite de la Seine...Soit la France des invasions guerrières, des révoltés et résistants, des marins aux longs cours, des intellectuels. Mais en tout premier lieu :  France des herbagers et des églises fortifiées de la Thiérache, au coeur de l' une des régions françaises les plus conviviales et généreuses  qui soit.
 
La France c'est aussi une histoire de grande Culture dont je me suis imprégnée à Coeur au fil des ans.
 







IV -Dans cette attente, que ceux et celles qui marchent en troupeau vers le précipice avec un bandeau sur les yeux et  sans trop réfléchir; arrêtent de se mentir : le modèle d' assimilation à la française a atteint ses limites, d' où cet inévitable questionnement. Claude Lévis-Strauss ayant prédit avant de mourir une uniformisation du monde, je crains que cela ne rende obsolète la notion même d' identité. Convaincue que je recherche toujours éperdument la mienne venue d'ailleurs mais posée là...Ravie de poser le pied, lors de mes voyages et autres itin' errances dans l'un des ces pays Européens et autres qui ont su EUX préserver leur âme et leur identité nationale. Ce ressenti inestimable qui me fait tant défaut parcequ' en France on ne le trouve plus ( refoulé ou dissimulé par pas mal de Français,  par crainte d' être mis à l'index et traîtés d' affreux Xénophobes... ). Frustrée et donc Européenne à coup sûr, d'un bout à l'autre de cette partie du continent mais Française, à cause de ce manque d' Ame, à l' être ou plutôt le rester, je n' y songe même plus !
 
Seul le tout premier mot de sa devise nationale m'importe : LIBERTE !
 
Cette Liberté majuscule qui nous reste encore et que tant d'autres pays nous envient. Cette Liberté inestimable qui permet à tous et à chacun de s'interroger sur la nécessité, ou pas, d' avoir eu l'idée explosive d' ouvrir enfin cette fameuse boîte de Pandore (à vrai dire plus redoutée que contestée). Et qui, de surcroît, nous renvoie tous d'un semblable élan, même si c'est face à face, à d'interminables polémiques sur le sujet , spécialité française s' il en est , et ce quelles que soient nos origines !!!