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Je n' étais pas particulièrement une fan inconditionnelle de Gainsbourg mais sa mort m' a attristée et dès le lendemain, le samedi 2 mars 1991, je suis allée avec mon chien César au 5 bis rue de Verneuil. Il y avait là une trentaine de gens et à les regarder ils avaient tous la même tête. Et moi pareille à eux je crois bien.
Ce genre de personnage, 30 ans plus tard nous manque. Les Thierry Le Luron, Pierre Desproges, Coluche ...Ainsi que les émissions attenantes ...dont celle de Polack. Il y avait une vraie liberté d' esprit et d' expression qui, hélas, n' existe plus en 2021.
ps : J' ai beaucoup peiné depuis hier à remettre cette page en ligne à cause de mes yeux de plus en plus défaillants - 1/07/2021
Ouais, tout ça c'est o.k Vieille Canaille, mais n'empêche qu' hier tu nous as bien eus.
T' es con d' être parti ainsi !
On savait bien que l' échéance éthylo-Seita-manie approchait, sinon depuis longtemps, du moins depuis une éternité mais tout de même, Gainsbourg se barrant pour de vrai et pour toujours on ne s'y fera jamais.
A qui donc as-tu consenti à rendre ton Ame et ta barbe de trois jours ?
T' as trop bu de cigarettes !
Incest d'alcolo-nico aurait suffit peut-être.
Il disait :
" L' Homme a crée les dieux, l'inverse reste à prouver !
L' amour physique est sans issue
L' Oeil était dans l' anus et regardait Caïn
Il s' agit de baiser l' Absolu ! "
Et il disait encore
" J'veux pas qu'on m'aime mais j'veux bien quand même ",
nous non plus Serge, à cette heure et devant ce mur, si tu savais.
Et il disait enfin :
" la vie n'est pas inépuisable, rendre l' âme d'accord mais à qui ? "
" Captain Gainsbourg " à la barre, vous-qui-fûtes dans les volutes de vos fumées suicidaires le roi des euphonies ambigües, le César de la césure et autres systoles et insistantes allitérations des mots tranchés en deux.
Il aimait d' abord le Mot dit : " Je pense Maux " affirmait le maudit des pseudo " bien-pensants et portant beau " lui qui se voulait si laid et qui était si grand.
Artiste ( mineur jurait-il pourtant ) de la provoc et de la démesure.
5 bis, Rue de Verneuil, dimanche 3 mars 1991
Il avait la gueule de l' absurde, oeil de lémurien à l'iris foreur sous persiennes plombées.
Une dégaine de nonchalant arrogant et cynique sous l'élégance morbide d'un Dandy décavé au rictus désenchanté et caustique.
Il avait la démarche généreuse et métaphysique, l'humour anthracite et râpeux qui, souvent, dérapait.
Il avait le goût du Ritz et du risque, le geste flambeur et le timbre nicotiné.
Il venait d'avoir 62 ans de brunes sans filtre ! Et plus de 30 années de Saoule Music talentueusement imbibée car le bougre buvait beaucoup et à bien des sources.
Toute une existence de barouf, de bras d' honneur, de défis, de génie, d' excès.
Sa vie, iconoclaste, fut une sentence dont il nous abreuvait au fil du temps d'une voix de plus en plus inaudible.
R e q u i e m pour un c o n