Je suis responsable de ce que j' écris
Je ne suis pas responsable de ce que vous comprenez !
La solitude, propice à la réflexion, nourrit l'âme de nos pensées qui s'ordonnent. L'isolement, prison aride et froide, dessèche nos rires jusqu'à nos larmes, porteuses d'espoir.
J' ai eu la chance de travailler durant plusieurs années pour l' Etude notariale de Cédric Blanchet qui siège dans le fond du Palais royal et à quelques étages en dessous de l' appartement de l' Ecrivaine Colette ! J' ai même failli y demeurer Nathan venant d' hériter d' une jolie fortune rêvant d' acheter un appartement dans ce lieu historique et classé. Mais je l' ai aussitôt dissuadé quand bien même l' un d' eux fut à vendre à l' époque.
 
Et pour cause : je me souviens d' une heure très précise où les enfants du quartier rappliquaient en courant et en braillant pour y jouer dès la sortie de l' école ! L' ambiance devenant infernale, il m' étaitimpossible de me concentrer sur mon job ! Si bien que je mettais une bonne heure de plus pour le terminer.
 
Encore cet encart pour dire que j' ai  aussi un deuxième lien avec cet endroit Camille Desmoulins ayant commencé sa révolution en grimpant sur une chaise le soir du 13 juillet 1789 pour harranguer les Parisiens, histoire de les entraîner vers la Bastille le lendemain. Celui là, natif de Guise comme moi,  n' a pas eu le temps de vieillir, guillotiné à 33 ans !
 
Pour en revenir à Colette je n' ai lu que LE FANAB BLEUE mais je compte me mettre à sa littérature bien que  son côté féministe, dont elle se défendit,  ne m' émeut guère mais son oeuvre ne  s' est pas réduite à cela. C' était surtout une femme LIBRE !
 
Et puis elle aimait les animaux  et en particulier les Chats !
Mon Dieu ! Que la vieillesse est donc un meuble inconfortable !
 
Colette
A propos du mot tuer c' est ce qui va arriver à Kveta poignadée par le jeune homme qu' elle avait invité à sa table, réjouie de pouvoir communiquer ( le prêtre de sa petite ville, l' un de ses rares amis,  ayant été déplacé dans une autre paroisse et le jeune curé remplaçant lui annonçant qu' il pouvait désormais se passer de ses services ). Elle n' attendait pourtant que cela lui faire plaisir, faire un brin de causette après lui avoir confectionné un gâteau fait maison pour fêter son arrivée : pouvoir parler, donner, aider, échanger mais ...NADA ! Elle repartit chez elle avec le gâteau.
 
J' en suis arrivé à peu près au même point en lisant sur le visage de cette brave femme celui que j' aurais peut-être  dans huit ans si je tiens le coup jusque là. La peau encore fraîche pour cet âge et pour cause :  le soleil et les plaisirs de la plage très peu pour moi qui les ai toujours ignoré.
 
Je n' ai pas remarqué hier si Kevta avait un ordinateur chez elle histoire de communiquer avec les AILLEURS lointains qui compensent pour nous les devenus vieux, notre  manque cruel des Autres mais je dois avouer que si j' en suis arrivée là c' est parce que je suis d' une nature aussi familière que distante , aussi tolérante qu' intransigeante  ne badinant avec aucune des valeurs qui sont miennes et si rares chez tant d' autres. Pas question de pactiser avec les hypocrites, les gens intéressés, les cons, les Jean' foutre et les gens de mauvaise foi, plus question de me laisser berner, je l' ai été trop de fois ! A commencer par ceux qui ont fait partie de ma famille avec qui, l' âge aidant, je me suis sentie de moins en moins apparentée. Car si j' ai été une fois, une seule fois,  d' une grande naïveté dans ma vie ce fut à l' égard des personnes  qui m' étaient familièrement le plus proches, à commencer par tante et une cousine que je considérais comme une soeur et qui m' a roulé  dans la farine durant plus de 60 ans . La raison pour laquelle et en dépit de ma grande tristesse je préfère encore passer les Fêtes toute seule quand je suis à Paris entre Baloo et Woody ! Les fêtes, juste les fêtes où l' isolement se fait cruellemetnet injustement sentir.
 
" La solitude offre à l'homme intellectuellement élevé un double avantage : le premier, d'être en total accord avec soi-même, et le second de n'avoir pas à supporter  les autres dans ce qu' ils ont d' inacceptables " C 'est Arthur Schopenhauer qui l' a écrit et je confirme !
 
J' ai connu ou croisé des milliers de gens dans ma vie. Elevée entre plusieurs univers très différents les uns des autres et même souvent à l' opposé mais qui n' avaient qu' un seul point commun : l' échange, le partage des idées, le don de soi... Le passage d' Etres humains jeunes ou vieux, riches ou pauvres, nés içi ou ailleurs, de toutes religions . Des milliers de gens et à l' heure qu' il est malgré mon amour inconditionnel pour la solitude mais aussi paradoxalement pour cette multitude d' Humains rencontrés, je me sens parfois bien seule, enfin non : isolée ! Isolée, isolée. Sans doute parceque je suis désormais sans illusion sur la condition humaine. Je suis devenue une femme âgée, non pas fragile mais fragilisée ;  et le monde des vieux, dans cette société occidentale si matérialiste et si accro au jeunisme,  ne s' intéresse pas aux gens âgés. La vielle que je suis devenue n' a plus qu' à se replier et éteindre l' espoir qui subsiste encore un peu !
 

                                                                       Paris, 21 janvier 2020
Pourtant confiance  en la vie, je l' ai toujours mais comme cette pauvre Kveta cela me perdra peut-être un jour. Ou peut-être pas ! Car désormais ma porte d' entrée est close lasse d' avoir subi tant de refus quand j' invitais les gens à rentrer chez moi : des voisins, des clients, des Parisiens qui n' ont jamais le temps autre que pour eux-mêmes, et mes amis français anciens qui ne se donnent même plus la peine de monter ou descendre à Paris, ils préfèrent vivre leurs vieux jours au soleil en compagnie de leurs petits-enfants et me dire à l' occasion " tu viens quand tu veux Elizabeth "  ! C 'est si commode  cela ne les engageant  à rien.  Ajouter qu' aucun Etre humain n' est venu frapper à ma porte depuis bientôt un an mis à part la cinglée du premier étage qui  a menacée de me tuer, rien moins que cela.
 
Et oui, sinon c' est Nada !!!
Vu hier soir vu sur Eurochannel un film éprouvant  sur la solitude et la vieillesse qui m' a sérieusement touché ! Je devrais plutôt écrire sur la solitude de la vieillesse car jusqu' à l' âge de 70 ans je n' ai jamais eu à souffrir de cette solitude, choisie,  qui fut la compagne fidèle de  la quasi totalité de ma vie.  Et bien qu' à défaut de la vivre avec félicité , je l' ai néanmoins vécu de manière positive l' ayant intellectuellement enrichie sur toute la longueur  de mon parcours. Et cela quels que soient les embûches et les chagrins qui l' ont jalonnés mais brillament éclairés par des rencontres rares mais exceptionnelles dans leur intensité.
 
Pourtant bien que je ne sois pas une petite retraitée naïve à l' image de Kveta la tchèque du film je commence à souffrir des mêmes maux ;  je remplacerai juste le mot solitude par celui d'isolement dont je suis en partie responsable mais seulement en partie. Moi qui ai été pourtant si sociable, toujours prête à aider, soulager, rendre service....comme elle !
 
Mais c' est fini tout cela ! Bel et bien terminé !!!
 
Le Général De Gaulle a dit  " la vieillesse est un naufrage " .  A laquelle la grande faucheuse s' en vint mettre un terme à demeure après avoir traversé le Parc de la Boisserie ! C' était un soir de novembre à Colombay les deux Eglises   69 ans de sa vie glorieuse foudroyées en quelques mintutes.   J' imagine le grand chêne abattu le nez plongeant sur la table de jeu où il venait de disposer ses cartes alors qu' il  faisait une réussite en toute tranquillité tandis que Tante Yvonne se préparait à l'étage pour le repas du soir qui allait leur être servi.
 
Je me souviens aussi de l' écrivaine Colette évoquant ses dernières années dans ce livre - Le Fanal bleu - où elle déplore dès  les premiers paragraphes  que les « précieux sens s’émoussent par l’effet de l’âge », que l’amarre soit « de plus en plus courte », et le « tourment physique de plus en plus fidèle ». Ces lignes m' avaient frappé à la fin de ma cinquantaine  car je commençais à souffrir de mon corps défaillant de ces  maux que je pouvais en partie partager avec elle. Qui se sont lourdement aggravés depuis.
 
Kveta, à 80 ans, a l' air de mieux se porter que moi et marche sans canne même si elle peine à se relever quand elle tombe,  moi pas.  Elle prend encore soin d' elle, ce qui depuis 15 mois n' est plus mon cas parceque je n' ai plus de raison de le faire, sauf quand je pars voir mes Amis à Berlin, Londres, ou Bergen où qu' ils viennent me voir à Paris. Alors mon enthousiasme subito presto revient comme s' il n' était jamais parti !
 
Sinon c' est nada !
Kveta
 
La solitude vivifie ,l'isolement tue !