Mais qu' entend -t-on par objet de grande valeur ? Le prix qu' une élite éclairée de connaisseurs lui donne ! Elle seule se targuant de pouvoir cerner ce qui se cache derrière l' oeuvre, estimer le talent , interpréter les émotions de l' artiste, quitte à le trahir souvent !
C' est ainsi que le créateur de l' oeuvre en question est répertorié, catalogué, analysé sur sa création avant d' entrer dans un musée pour le " souvenir " que le grand public devra en conserver quand il passera devant les oeuvres à la va-vite. En amateur du dimanche distrait, voir blasé ( cette scène du touriste lambda devant la Joconde avec son portable ) tout juste capable d' absorber une infime partie de la richesse culturelle qui lui est proposée dans les musées et autres galeries d' art .
Que penser par ailleurs de ces grandes rétrospectives impersonnelles qui sont organisées par les musées nationaux selon des phénomènes de mode indéfinissables. Exposée ou cachée, une oeuvre, ou plus justement un chef d' Oeuvre, ne peut échapper à son destin pour sa beauté , sa qualité ou son originalité bien sûr mais avant tout pour la valeur marchande qui lui a été attribué, à laquelle tout acheteur ou collectionneur avisé peut prétendre dès qu' il se projette sur l' oeuvre.
Sans oublier ce qu' elle lui rapportera lors d' une revente .
L' humanité de l' Artiste est tout à fait secondaire pour ces gens, il devient juste pour la postérité une entité bancable, un vulgaire placement !
La plupart des sont morts dans la misère ! Perso c' est ce qui me touche ; ce n' est pas le prix affiché chez Sotheby ni les discours pontifiants des galiéristes du style Germano-Pratins qui s' écoutent parler entre eux lors des expositions. Pour qui ne les a jamais entendu, qu' ils courent dresser l' oreille dans ces lieux, la vanité de leur propos est confondante de ridicule et en dit long sur leurs goùts et l' interprétention qu' ils en font.
Mais j' en reviens à ma préoccupation première, à savoir : La valeur artistique d' un objet est-elle donc plus importante que son utilité, ou le souvenir affectif qu' on lui porte, toute la question est là.
Personnellement mon rapport à l' Art ( comme aux objets plus quotidiens ) virevolte à des années-lumières de ces endroits hantés par des amateurs techniquement plus éclairés que moi, mon approche étant purement émotionnelle.
La seule question qui me préoccupe donc à cette heure est de connaître ce que l' on peut transmettre au-delà de la mort en dehors des choses terrestres.
Sur le plan affectif, sentimental, et intellectuel.
Et bien à cette heure je me pose la question de savoir si je ne vais pas quitter ce monde sans rien laisser ! Emmener mes trois clés USB dans la tombe en plus de quelques cailloux rapportés de voyages par mes plus chers Amis et les deux lettres qu' un jour un homme a écrit à la femme qu' il semblait aimer. Cet homme et cette femme qui n' ont jamais su écrire correctement le prénom de l' enfant qu' ils avaient fabriqué ensemble.
Prénom que j' ai transmis à mon bébé.
Qui depuis s' en ai dépossédé.
Comme quoi ....Autant en emporte le vent dirait Scarlett O' Hara
Mon rêve en vérité : disparaître, devenir sable dans le désert, me dissoudre dans le vent, ou engloutie à jamais dans le fond d' un l' océan suite au crash d' un avion . Mourir mais pas tout à fait seule. Très entourée dans ce cas. Ou enfin, quand volontairement je choisirai de quitter le monde de mes semblables, seule avec mon fidéle baladeur, au beau milieu des manchots du Paradis blanc.
En toute harmonie,
Sans laisser aucune trace derrière moi
de ce que fut ma modeste existence !